Le confinement et nous là dedans ?
Mon premier chien, LEFY (un cane corso de 3 ans issu de la SPA), était censé me suivre partout (au centre équestre où je travaillais, pendant mes vacances...) et ne rester seul qu’une à deux heures par jour : la vie de rêve ! Sauf que l’adaptation à son nouveau mode de vie ne s’est pas tout à fait passée comme prévu !
Après avoir mordu deux personnes et m’avoir traînée au bout de la laisse un nombre incalculable de fois... L’emmener au centre équestre n’était plus franchement concevable ! Vu mes horaires, 3 balades par jour étaient tout à fait envisageables. Un nouveau rythme était acquis et mon emploi du temps ressemblait à ça :
- - 7h45 : repas
- - 8h : balade de 20 minutes
- - 9h-13h : seul à l’appartement avec des jouets
- - 13h15 - 14h : balade
- - 15h-19h : seul à l’appartement avec des jouets
- - 19h15-19h45 : balade
- - 20h : repas
- - 22h : balade hygiénique
Pour autant, mon appartement était toujours un champ de bataille lorsque je revenais : poubelle ouverte, placards ouverts (malgré les fermetures bébé) et vides de toute nourriture appétissante. Même le frigo était ouvert et, évidemment, vide. Ainsi que toutes les destructions qui peuvent être faites dans un appartement : canapé détruit, chaussures en miettes, traces de griffes sur les murs... Ce chien a même déclenché un début d’incendie dans mon appartement en voulant attraper la poubelle. Poubelle que j’avais « intelligemment » pris soin de surélever pour qu’elle ne soit pas accessible. Elle était posée à moitié sur mon plan de travail, à moitié sur ma plaque de cuisson vitrocéramique. Mauvaise idée, voulant jeter un coup d’œil dans la poubelle, mon chien a malencontreusement allumé la plaque. Cette dernière a mis le feu à la poubelle...
Au-delà de mon rêve d’avoir un chien à la maison, qui se transformait en cauchemar ; j’étais bien embêtée ! Personne n’apprécie de rentrer et de découvrir son appartement dévalisé, sale et sans même un bout de chocolat pour se réconforter ! Pour autant, j’étais bien trop attachée à ce gros doudou pour m’en séparer ! J’ai alors fait appel à une éducatrice canine qui m’a tout simplement expliqué que je passais TROP de temps avec mon chien. Tous ses besoins avaient beau être comblés (besoins d’activités physiques, mentales, masticatoires, olfactifs...), mon chien n’était juste pas habitué à être seul.
J’ai eu l’idée d’installer une caméra afin de l’observer pendant mes absences. On a pu, en effet, se rendre compte que mon chien se mettait à tout détruire dans la première demi-heure de mon absence et qu’après, il dormait profondément au milieu du joyeux bazar. La majorité des chiens atteignent le stade maximum de souffrance, d’agitation et d’anxiété dans la première heure d’absence de leur maître. (Je parle bien d’une majorité de chiens et non de tous les chiens. Chaque chien reste unique de par son passé, son éducation et son environnement habituel. Si le problème est plus profond ou vous semble trop compliqué à régler, il est important d’en parler à un éducateur canin qui pourra vous orienter vers un vétérinaire comportementaliste si besoin !)
Mais à quoi est donc due cette anxiété de séparation soudaine ? Tous les jours, nos chiens ont leurs habitudes et leurs rituels calqués sur nos vies : Mon maître prend la gamelle = je vais être nourri, Mon maître prend la laisse = je vais aller en balade. Nombreux sont ces rituels, et nos chiens en ont l’habitude ! Mais pendant le confinement, tous ces rituels ont changé. Pour la majorité des chiens, le confinement est égal à : Mon maître à la maison tout le temps = Interactions avec lui tout le temps (regards, paroles, câlins...) = Je peux le suivre et l’observer de partout (et quand je ne peux pas, je vais lui rappeler que je suis là avec un petit coup de tête dans son coude ou un petit gémissement bien placé) = Pas un seul moment de solitude, ou vraiment pas long. La preuve : il ne s’habille même plus et traîne en jogging et Crocs toute la journée !
Dans 15 jours, vous allez repartir au travail, et dès que la journée commencera, votre chien sentira l’embrouille arriver : Ce matin, il m’a fait une mini caresse rapide. Pas très normal ça ! Alors je lui mets un coup de tête, baaam, l’eau noire sort de sa tasse et l’éclabousse ! Ouh là là, il n’a pas la tête des bons jours... Vite, je vais me cacher. Il remonte à l’étage, je peux ressortir de ma cachette ! Je l’entends redescendre alors je me mets en bas pour lui faire la fête. Il a la tenue des journées super longues loin de moi OH NANNNN ! Je lui rappelle alors que je suis là. Je vais chercher mon jouet, aucun regard. Je vais lui faire la fête et sauter tout autour de lui et un peu sur lui ! Les autres matins, quand je faisais ça, on se roulait par terre tous les deux ! AÏE AÏE AÏE, il a de nouveau la tête des mauvais jours, plus la voix pas contente cette fois « LASCAR ! ÇA SUFFIT ! Mon pantalon blanc, BORDEL ! » Quand il prend ce ton, ça veut vraiment dire qu’on ne va pas aller au parc à chiens et que je ne pourrais pas sentir le popotin de la belle berger australien PIN-UP ! Plus rien ne va, moi, je voulais juste qu’on joue ensemble, qu’il me caresse comme tous les autres jours, que je m’allonge sur ses pieds pendant qu’il regarde la télé...
Alors je vais tout doucement vers lui pendant qu’il met les JOLIES chaussures, celles sur lesquelles je n’ai pas le droit de poser une patte ! Et là, il me dit à ce soir et il disparaît de mon champ de vision après une simple grattouille sur la tête ! Au secours, il m’a oublié, alors derrière la porte, je crie « wouuuuuuaff wouafff wouafff » ! Rien à faire, il ne revient pas, alors je tourne dans la maison et je cherche où il peut être : il y a son odeur dans le placard des chaussures ! Il y en a même une qui sent beaucoup lui, alors je l’emmène avec moi dans mon panier. Je la grignote un peu mais ça ne le fait pas revenir alors je réfléchis.
Je tourne et hop je sens une très bonne odeur : le canapé ! Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ?! Ça sent booooon, il était détendu quand il était là, dis donc ! Alors je gratte, peut-être que comme ça il va sortir d’un coussin ? Oh et puis je m’ennuie alors je sors le truc blanc qui a dedans ! C’est tout doux ! Et je peux même en manger un peu, ça passe mieux que la chaussure ! Bon, tout ça m’a fatigué, je vais aller dormir un peu ! Ouille, je me réveille avec un de ces mal de ventre ! Et mon maître n’est toujours pas rentré ! Tant pis, pas le choix, faut que je trouve un coin pour vider mon estomac ! Le tapis, c’est pas mal, c’est tout doux et je peux gratter sans me faire mal au coussinet ! Je retourne ensuite me coucher sans ce mal de ventre, je vais pouvoir bien dormir ! « Ouf, t’es rentrée, j’étais tranquillement en train de dormir et le POUF a explosé, heureusement je n’ai rien ! Bon après, je me suis rallongée à côté pour le surveiller au cas où ! »
Pour éviter cela, il est important de : Choisir à quelles demandes de sollicitation de votre chien vous pouvez répondre sans le rendre dépendant. Ignorer totalement les autres ! Garder des moments rien que pour vous, moments où votre loulou n’est pas en train d’observer vos moindres faits et gestes ! Ne pas rendre hyperactif votre chien en lui proposant plein d’activités qui vont s’arrêter soudainement lors de votre reprise du travail. Garder quelques jeux d’occupation sous le coude pour la fameuse reprise !
Petit rappel : Définition de l’anxiété de séparation : L'anxiété de séparation, aussi appelée trouble du détachement ou névrose d'abandon, est un trouble du comportement du chien très fréquent qui s'exprime par de nombreux signes de détresse, le plus souvent lorsque l'animal est séparé de ses maîtres ou des personnes auxquelles il est attaché.
"Soyez un maître idéal, vous aurez un chien idéal".